Anatomie d’un génocide accepté : du lobby sioniste à la guerre messianique contre l’islam


Anatomie d’un génocide accepté :

du lobby sioniste à la guerre messianique contre l’islam



Le présent texte est une réflexion que je mûris depuis de longs mois face à la terrible vengeance que subit le peuple palestinien suite au 7 octobre 2023. La tragédie qui se déroule sous nos yeux et ses impacts dans mon quotidien en France ne cessent de me perturber, de m’interroger.

Une question m’obsède et ne cesse de me tourmenter : Comment le génocide de toute une population civile à gaza, le massacre de masse d’enfants diffusé en direct sur nos smartphones, a t'il pu être admis par une partie de la population ? Par le terme admis, j’entends qu'il puisse être justifié, minimisé ou même applaudi par des personnalités publiques, des intellectuels de plateaux mais aussi par gens qui me semblent pourtant ordinaires et de mon entourage.

L’animosité croissante dans notre pays envers la communauté arabo-musulmane est totalement liée à ce qu’il se passe au proche orient et je vais tenter de démontrer pourquoi. Le fait que la France compte la plus importante communauté juive, représentée pourtant seulement à 20% par l’organe non institutionnel qu’est le CRIF n’est pas anodin, sans oublier que la France compte également la plus grande communauté musulmane d'Europe.

Je souhaite apporter aux lecteurs de ce texte un autre narratif que celui qui nous est imposé et avec lequel ils sont peut-être mal à l’aise. Ce malaise vient très certainement du fait que chacun, qui prend un minimum de recul face aux médias subventionnés, se rend compte des différences de traitements, d’un deux poids deux mesure flagrant dans le traitement de ces évènements, sans pour autant pouvoir déterminer pourquoi. Beaucoup perçoivent qu’il existe des groupes d’individus possédant des leviers de pouvoir nébuleux et qui influent sur la politique de notre pays. 

Mon approche n’est pas universitaire mais vise à traiter le sujet de manière suffisamment sérieuse et sourcée pour qu’aucune accusation de complotisme ne puisse venir clore le débat. Chacun peut chercher lui-même les informations que je donne et les remettre en question bien sûr. 

Pour illustrer mon propos, il faut d’abord évoquer l’avènement du concept de « choc des civilisations » qui me semble fondateur.


  • Choc des civilisations, le nouvel épouvantail

Depuis 2001 et le 11 septembre, il y a eu un coup d’état aux USA réalisé par les néoconservateurs. Ce sont eux qui ont pris le pouvoir de l’état profond américain. Par néoconservateurs, il faut entendre des hommes politiques et des groupes d’influence qui sont tous sionistes, c’est-à-dire qui œuvrent au sein ou à côté du lobby pro israélien. L’ouvrage de référence du Pr J. Mearsheimer et Stephen M. Walt « Le Lobby pro israélien et la politique étrangère américaine »1 écrit en 2007 éclaire de façon édifiante sur la façon dont le lobby pro israélien réussit depuis les années soixante à construire toute la propagande en faveur d’Israël, conjointement à la diabolisation du monde arabe et musulman.

Le 11 septembre 2001 marque la bascule dans ce qui est appelé « le choc des civilisations » entre le monde occidental et le monde musulman, c’est l’attentat qui permet de mener une guerre contre le « terrorisme », en réalité contre l’islam. Sous couvert de lutte contre le mal absolu, la riposte immédiate et virulente en Afghanistan et envers l’Irak l’illustre bien, permettant ainsi de justifier la mort de deux million et demi de civils Irakiens. Les armes nucléaires étant bien évidemment inexistantes (étaient accusés de complotisme les gens qui l’affirmaient à l’époque), G.W Bush avait pourtant bien annoncé son projet messianique en parlant de « croisade » contre « l’axe du mal ». On assiste depuis, au renversement systématique des régimes du proche orient en place afin de déstabiliser la région, en morcelant et disloquant les Etats pour mieux les piller, mais surtout en faveur de l’expansion d’Israël.

Irak, Afghanistan, Yemen, Lybie, Syrie et Liban Quand on y regarde de plus près, l’intervention de la CIA ou du pentagone a été systématique dans ces révolutions, guerres et destructions de ces pays. En Lybie, c’est par l’intermédiaire de Nicolas Sarkozy et de l’Otan que le régime de Kadhafi a été renversé, causant 120 000 morts depuis 2011. En Syrie, même chose pour renverser Bachar El Assad (une alliance assez nette entre les USA, Israël et la Turquie) ayant causé pas moins de 500 000 morts.

Au final, « l’axe du bien » a ainsi pu éliminer près de 4,5 millions de civils arabes en vingt ans. Comment cela a-t-il pu être possible et accepté consciemment ou non par les masses? Comment l’ancienne secrétaire d’État américaine, Madeleine Albright a-t-elle pu un jour admettre qu’elle pensait que la mort d’un million d’enfants irakiens en « valait la peine »?

Peu d’images nous parvenaient par les médias et du fait que les réseaux sociaux n’existaient pas encore. On peut donc avancer l’argument du manque d’information voire de désinformation classique par les médias occidentaux. Mais cela ne suffit pas à expliquer la normalisation de ces massacres de masse.

Le rôle d’Israël et du lobby sioniste a été crucial. Dès la création de l’Etat d’Israël les sionistes et leurs lobbys des deux côtés de l’atlantique ont compris que pour être soutenus par le plus grand nombre, leur problème arabe devait devenir le problème de l’occident. Voyons comment Israël est devenu un état soutenu inconditionnellement par l’occident et ce, malgré qu'il soit prouvé que les USA n’en retirent aucun bénéfice, bien au contraire.



  • L’apparition du monde « Judéo-Chrétien »

Avant la seconde guerre mondiale, les Juifs d’Europe étaient considérés comme des orientaux au même titre que les juifs du Maghreb ou les arabes de la péninsule arabique. Leur apparence, leur mœurs et leur langue étaient apparentés à l’orient, l’extérieur, l’étranger. Pour parler de la civilisation occidentale on utilisait jusqu’alors le terme d’« helléno-chrétien ». Il y a eu un glissement sémantique vers l’idée d’une civilisation « Judéo-Chrétienne », intégrant et englobant la figure du Juif dans l’occident. Les sionistes ont particulièrement participé à cette manœuvre afin de mieux altériser les arabes palestiniens et rallier les occidentaux à leur cause. Il n’y a qu’à observer la façon dont sont traités les chrétiens en Israël et en Palestine occupée par les israéliens, pour comprendre que cette pseudo alliance judéo chrétienne est une arnaque tant sur le fond que sur la forme.

L’historienne Sophie Bessis2 soutient que la notion de civilisation « judéo-chrétienne » est une construction récente largement instrumentalisée puisque historiquement, les relations entre les traditions catholiques et judaïques ont été marquées par des tensions des persécutions et des divergences théologiques profondes. Le fait de relier ces deux notions permet à ceux qui en sont les portevoix de construire une identité occidentale unie autour de soi-disant valeurs communes, en opposition au monde musulman. Cette opposition ou choc des civilisations sert à justifier des politiques d’exclusion et de conflits. Bessis déconstruit cette rhétorique en expliquant que l’expression « civilisation judéo-chrétienne est utilisée pour présenter Israël comme un avant-poste de l’occident partageant les mêmes valeurs démocratiques, au milieu de dictatures barbares. Elle sert à présenter le rôle d’Israël comme un allié clé de l’occident et ainsi justifier de toute la politique étrangère Américaine en faveur d’Israël. 

C’est ce qui a intéressé J.Mersheimer et M.Walt, qui dans leur étude ont démontrés que les justifications présentées pour soutenir Israël de façon inconditionnelles ne tiennent pas la route. Les arguments posés tels que l’atout que peut représenter Israël pour les USA dans la région ou encore les valeurs communes sont totalement déconstruits et décrédibilisés dans cet ouvrage colossal par les deux chercheurs. Israël y apparaît plutôt comme un fardeau pour les états unis, ce qui permet de comprendre toute la puissance du lobby pro israélien.

Il faudrait à mon sens plutôt parler de monde judéo-protestant, surtout dans la mesure où il y a historiquement une alliance très nette qui s’est effectuée au entre le monde protestant et le monde juif, par le biais du Calviniste Olivier Cromwell. C’est de cette façon que le courant du messianisme juif qui a pour but de hâter la venue du messie et le messianisme protestant non moins fervent quant au retour du Christ, ont scellé une alliance religieuse, économique et géopolitique encore à l’œuvre aujourd’hui. Le lobby sioniste aux états unis est l’héritier direct de cette alliance entre les britanniques ayant émigrés et la communauté juive sioniste.

Mais si les Juifs sont des occidentaux, qui plus est victimes d’un génocide, le narratif interdit formellement qu’Israël et ses habitants puissent être des terroristes, des barbares ou pire des génocidaires. Il y a une telle charge morale autour de la shoah et de l’antisémitisme, c’est un tel tabou que même le Ministre des affaires étrangères Jean Noël Barrot a pu arriver à cette affirmation ahurissante : « Retourner l’accusation de génocide contre le gouvernement d’un peuple qui l’a subi, c’est non seulement une faute morale mais c’est également une faute juridique. » Cette déclaration incroyable est possible par le fait que l’on associe obligatoirement les juifs à l’état d’Israël. Cet amalgame est un piège dans lequel sont enfermés les juifs du monde entier et qui participe à l’impossible remise en question de cet Etat.



  • De la création d’un amalgame entre judéité et Etat National Juif

Le peuple Juif se revendique descendant des Hébreux et se définie donc par la race. On peut remettre en question ce « mythe » car une grande partie des juifs d’Europe on le sait sont des Khazars originaires d’Ukraine ou de Pologne, ayant été convertis (ce qui est nié par la communauté en général) En Israël, nous avons donc une population en majorité originaire d’Europe de l’est et qui se revendique descendante du peuple Judéen, habitants ancestraux de Jérusalem, alors qu’ils n’ont aucun lien héréditaire en réalité. Israël est donc l’entité qui revendique (à tort) auprès de chaque juif du monde le droit de retourner sur la terre de « ses ancêtres ».

Par ailleurs, tous les juifs ne sont pas religieux, mais tous sont reliés par la race. Ladite race étant définie par le mythe biblique, il faut donc forcément que les non croyants adhèrent quelque part à ce mythe pour se sentir appartenir au peuple race et donc à Israël. C’est le cas de nombre de personnalités publiques, non pratiquantes ou non croyantes, qui soutiennent inconditionnellement Israël au nom de leur appartenance au peuple Juif, donc par tribalisme.



  • De l’impossible critique de l’Etat d’Israël :

Puisque la judéité se définie toujours et exclusivement par la race, et puisqu’Israël est la terre du peuple race, Israël est indissociable de la judéité et la judéité devient indissociable d’Israël. C’est cette sémantique qui nous est imposée et crée l’exceptionnalité de cet Etat.

Et surtout, c’est ce à quoi les autres états, portant pourtant des valeurs totalement contraires aux notions de races, ont validés. Dans de nombreux pays, en France peut être plus qu’ailleurs, dès lors que l’on critique ou attaque Israël, on est accusé d’attaquer la judéité. C’est ainsi que l’antisionisme devient de l’antisémitisme.

Il est pourtant absolument indispensable de pouvoir critiquer un état son gouvernement la politique qui y est menée, sans qu’un amalgame d’ordre racial ne l’empêche. Pour les juifs eux même, se dissocier de cet impératif relève d’un effort intellectuel simple, mais d’un effort identitaire qui peut être plus compliqué à faire : affirmer sa judéité en dehors de tout besoin d’appartenance à la terre d’Israël. Ce rejet est d’abord religieux : dès les premiers pourparlers de la création d’un Etat national juif, qui plus en est en terre palestinienne, les talmudistes orthodoxes ont rejetés fermement l’idée. En effet, dans les écrits religieux, il est formellement interdit aux juifs de retourner en terre sainte en tant que peuple, avant la venue du Messie. C’est toujours à l’heure actuelle la position de certains rigoristes religieux.

Les juifs anti sionistes eux, revendiquent une identité diasporique, refusant l’idée d’une terre nation. Souvent dé coloniaux, ils sont opposés à l’Etat colonial d’Israël. Ces juifs qui prouvent que la judéité peut et doit même se vivre hors de l’Etat d’Israël sont souvent ostracisés, rejetés par leurs familles et leur communauté. Eux même peuvent être accusés d’antisémitisme, preuve que cette accusation a atteint un seuil de non-sens extrême.



  • La fabrique des barbares : d’un terrorisme à l’autre

Nous avons un topo : L’état d’Israël est un état racial et théocratique, mais doit être perçu comme un état occidental comme un autre, à l’exception du fait qu’il est entouré d’ennemis barbares hostiles et qui menaceraient son existence. Il faut donc apporter une légitimité à se « défendre »

Reste à faire entrer le monde occidental dans son combat en suscitant l’empathie et l’admiration. Pour embarquer le monde avec eux, Israël a dû associer le combat contre les « terroristes » palestiniens à celui que nous menons en occident. Cela relève de ce que Foucault explique lorsqu’il dit que pour dépolitiser un corps social, les élites illégitimes doivent stigmatiser et contrôler les autres formes d’illégalisme pour pouvoir les utiliser. Mafia italienne aux états unis ou « terrorisme » c’est le même système : on colonise une délinquance populaire pour la contrôler et l’utiliser en hautes sphères à des fins délinquantes. C’est exactement ce que fait Israël qui est lui-même un état terroriste, cherchant à contrôler d’autres formes illégales définies comme terroristes, pour les utiliser à ses propres fins.

Il est important de faire certaines recherches géopolitiques pour comprendre de quelle façon Al Quaïda, Daesh, ou aujourd’hui Al Nosra ont pu être développés financés et instrumentalisés par les élites occidentales (CIA entre autres). L’instrumentalisation du wahhâbisme par les puissances occidentales sous la forme du pompier pyromane est un large sujet que je ne peux développer ici. Je donnerais simplement deux exemples à commencer par le financement et les apports donnés au Hamas par Israël depuis des années.

Il est aujourd’hui documenté que B. Netanyahou a tout fait pour soumettre l'autorité palestinienne et l'instrumentaliser afin de mieux contrôler les territoires occupés et la Cisjordanie. Nous avons aujourd'hui une autorité palestinienne qui n'a aucun poids et qui sert les intérêts israéliens. En maintenant une autorité palestinienne fantôme, Israël donne l'illusion de s'adresser à un interlocuteur clé de la solution à deux états ce qui revient à faire croire à la communauté internationale qu'Israël est prêt à négocier pour cette solution.

Dans le même temps, le gouvernement Netanyhaou a aussi favorisé la montée au pouvoir du Hamas pour donner la même illusion. L’objectif du hamas est historiquement la destruction d’Israël, mais il faut comprendre qu’ils n’en avait absolument pas les moyens, c’était donc avant tout un positionnement politique de zéro-concessions, en opposition à l’OLP. Depuis 2017, la charte du hamas qui inclue la lutte pour la reconnaissance d’un état palestinien sous entend donc une reconnaissance d’Israël qui n'existait pas avant. le mouvement prône donc une libération armée de l’oppression coloniale qui doit aboutir a un changement politique. Or, en continuant de présenter le Hamas comme un mouvement qui veut les détruire, Israël peut utiliser cette propagande comme excuse pour mener sa guerre " défensive".

 Cette stratégie vise à enterrer deux choses: la solution à un État binational qui arrange bien Israël qui veut rester un État national Juif. Et la solution à deux états puisque d'une part elle est proposée par une autorité fantôme et d'autre part elle ne serait pas revendiquée par le hamas.  

Cela révèle et fini de convaincre les derniers naïfs que B. Netanyahou n’a jamais eu l’intention de parvenir à un accord de paix avec quelque interlocuteur que ce soit et qu’il a même pour stratégie le conflit irréductible et la guerre perpétuelle, comme ces prédécesseurs d’ailleurs, son projet étant l’épuration ethnique et la conquête des terres des pays voisins. 

Autre exemple de manipulation du terrorisme avec les événements actuels en Syrie. Les états unis (entre autres) sont intervenus pour renverser Assad et placer au pouvoir un certain Monsieur El Joulani, le chef du front Al Nosra. (Al nosra étant la branche syrienne d’Al Qu’Aïda).

Ce Monsieur n’est autre qu’un boucher sanguinaire notoire (il était connu pour faire du zèle en matière de décapitations et tortures en tout genre). Il est aujourd’hui présenté à la face du monde comme un homme respectable. Relooké d’une barbe taillée et d’un costume ajusté, il nous est vendu comme l’espoir de la Syrie libre contre la barbarie de Bachar. Il y a une semaine de cela, plus de 1000 alaouites (et des chrétiens) ont été sauvagement assassinés par ces mêmes gens « respectables ». Et il est à craindre que ces massacres continuent. En 2015, des combattants d’Al Nosra ont d’ailleurs été soignés dans des hôpitaux israéliens, ce qui a été prouvé. Ils ont même été visités par B.Netanyahou en personne3.

On comprend mieux à la lumière de ces éléments comment s’organise la fabrique d’un barbare à détruire VS un barbare utile.

Les monstres désignés sont amalgamés aux monstres utiles pour qu’ils ne forment qu’un dans l’esprit des populations traumatisées. On voit bien l’impact fort du 7 octobre qui a fait ressurgir en chaque français l’attaque du bataclan ou de Nice. C’est de cette façon qu’Israël tente de détruire la légitimité (pourtant légale) de la résistance palestinienne aux yeux du monde depuis des années. Misant sur le sentiment de danger vital qui n’en est pas, on crée une panique morale qui implique la nécessité de « se défendre ».



  • De l’Irgoun aux mensonges du 7 octobre

Avant la création officielle du foyer national Juif, L’Irgoun, le groupe Stern, la Haganah et la Palmach sont les milices juives qui terrorisent la région. Ils effectuent de nombreux actes terroristes (se renseigner sur l’attentat de l’hôtel du King David) et sont responsables de dizaines de massacres de civils arabes entre 1930 et 1948. Ce sont les factions à l’origine de l’armée israélienne actuelles.

Benzion Netanyahou, père de Benjamin Netanyahou était un fervent sioniste révisionniste (courant ultra nationaliste du sionisme) et secrétaire particulier de Vladimir Jabotinsky (idéologue fasciste et combattant sioniste, père spirituel du Likoud). Pour justifier les actes terroristes des milices juives, il ne va pas hésiter à répandre un discours inversé à travers le monde : Le foyer national Juif est entouré de dangereux terroristes arabes et immoraux contre lesquels s’élèvent des « combattants de la liberté ».

Son fils Benjamin Netanyahou qui a vécu très longtemps aux Etats Unis et y a de nombreux soutiens va reprendre en force cette rhétorique dès 1979. Lors d’une conférence qu’il organise sur le thème du terrorisme international à Jérusalem, en présence de G.W Bush et un certain nombre de neo conservateurs américains. Il déclare : « cette conférence marque un tournant dans la compréhension par notre monde du problème du terrorisme et de la façon de le traiter »4. C’est suite à cela que sa thèse en faveur d’une « alliance antiterroriste des démocraties occidentales » va être adoptée par le milieu néo conservateur aux US. Quelques années plus tard surviendra l’attentat du 11 septembre 2001 et l’entrée dans l’ère du choc des civilisations.

Le 7 octobre 2023, ce que l’on nous présente comme une attaque terroriste relève du même narratif que dans les années 40 avec l’Irgoun et la Haganah. Le Hamas, n’est certes pas un mouvement pacifique et les dirigeants servent peut-être davantage les intérêts d’autres puissances que ceux de la libération de la Palestine (se renseigner sur le sujet), mais Israël a prouvé depuis, qu’il est le plus terroriste des deux acteurs.

A Gaza, qui est je le rappelle une prison à ciel ouvert, au sein des brigades armées, les hommes qui rejoignent le combat sont des jeunes qui n’ont connu toute leur vie que le blocus et les oppressions. Chaque homme a déjà perdu au minimum un membre de sa famille sous les bombes ou autre. Il est important de préciser que l’attaque coordonnée du 7 octobre a été réalisée conjointement avec d’autres mouvements de résistance de Gaza.

Israël a répandu de nombreux mensonges après le 7 octobre, concernant de faux actes de barbarie perpétrés par le Hamas (décapitations, viols etc..) qui ont été largement discrédités et qui continuent petit à petit à l’être. Dernièrement il a été prouvé qu’une grande partie des morts durant l’attaque proviennent directement de tirs d’hélicoptères apaches de l’armée et de la police Israélienne. Ils avaient reçu l’ordre de la « directive Hannibal ». Il s’agit d’un ordre qui vise à éliminer toute personne, qu’elle soit ennemie ou israélienne, pour éviter à tout prix la prise d’otage. Or, c’est justement le seul but de l’opération du Hamas qui souhait ramener le plus d’otages possible afin de les échanger contre les milliers de prisonniers palestiniens. On rappellera qu’ils sont retenus pour la majorité sans motif et dans des conditions inhumaines, sous la torture et les viols.

Dans ce genre d’opération, les experts s’accordent pour affirmer qu’il n’y a ni le temps ni la volonté de commettre des exactions barbares. Ce que l’on nous présente comme une abominable attaque barbare semble être tout autre chose. Les enquêtes sur ces évènements sont d’ailleurs bloquées par le gouvernement Israélien, accusé en plus de cela d’avoir été informé et d’avoir laissé faire. Il n’est pas nié ici qu’il y ait pu il y avoir des meurtres perpétrés par les combattants, ce qui constitue des crimes de guerre. Ce qui est expliqué, c’est que la façon dont a été traité l’évènement est mensongère et a manipulé l’opinion publique.

Par ses prouesses terroristes et ses mensonges, Israël et le lobby pro israélien ont réussi à rallier le monde occidental à leur « noble » cause, instrumentalisant le terrorisme islamique et suscitant le soutien inconditionnel des Etats Unis, devenu son grand allié.



  • Sionisme, un messianisme laïcisé:

La plupart des gens croient que le sionisme est né en 1917, porté par Théodore Herzl qui était un laïc pragmatique. Dans le projet de création d’un foyer national juif, la Palestine n’était pas la seule option et semble être donc la proposition sortie du chapeau des Britanniques, comme s’il s’agissait d’un hasard ou d’une opportunité. Cependant, il faut remonter au moyen âge pour comprendre que le messianisme juif avait déjà pour intention le retour en terre de Sion du peuple juif. Dans les années 1520, les tentatives ratées du rabbin David Reubeni et son disciple Solomon Molkho en font le récit. Les deux messianiques ont réussi à approcher le pape Clément VII, le roi du Portugal Jean III et Charles Quint l’empereur du Saint empire Romain Germanique, pour leur demander tour à tour de créer une armée juive pour combattre les Ottomans et créer un royaume juif en terre Sainte.

Le sionisme moderne est l’héritier de ce messianisme, bien qu’il soit détaché du mysticisme au départ. Il relève d’un projet laïc qui n’était pas neutre et s’inscrivait dans une forme sécularisée de la bible hébraïque. En effet, le retour sur les terres des ancêtres implique forcément une dimension spirituelle. Il en va de même pour le sionisme dit « travailliste » donc de gauche et pour toute forme de sionisme en réalité quelle qu’elle soit. Ce que l’on observe aujourd’hui avec le gouvernement Israélien, c’est un retour extrémiste des fondements religieux du sionisme.



  • Sionisme : un projet expansionniste

Israël est une « entité » qui n’a pas de constitution ni de frontière établies et délimitées. Se plaçant au-dessus du droit international, il peut donc à son bon vouloir étendre des frontières autant que voulu. Dès le début, le projet du sionisme c’est le « grand Israël », soit l’étendue des territoires Israéliens qui engloberaient le Liban, le Syrie, la Jordanie, l’Iran l’Irak et l’Egypte. Ce qui est important de comprendre, c’est que le projet colonial d’expansion a toujours été la base.

Tout au long de son histoire, Israël n’a donné à voir qu’un vernis de civilisation au occidentaux, en acceptant quelques concessions, quelques pas en arrière, mais qui en réalité couvrait un désir expansionniste très clair :

Théodore Herzl, fondateur de l'Organisation Sioniste Mondiale, à propos des Arabes de Palestine. Journal, à la date du 12 juin 1895 « Repoussez discrètement hors frontière la population sans le sou en lui refusant le travail... Tant le processus d'expropriation que le transfert des pauvres doivent être menés discrètement et avec circonspection. »

Puis 1948, David Ben Gourion dans ses mémoires, le 18 juillet 1948 « Nous devons nous préparer à passer à l'offensive. Notre but est d'écraser le Liban, la Transjordanie et la Syrie. Le point faible est le Liban, parce que le régime musulman est artificiel et facile pour nous à déstabiliser. Nous établirons là un État chrétien, et ensuite nous frapperons la Légion Arabe, éliminerons la Transjordanie; la Syrie nous reviendra. Puis, nous bombarderons, avancerons et prendrons Port Saïd, Alexandrie et le Sinaï. » Etc. etc… la liste des déclarations très explicites est longue.

On assiste avec le gouvernement actuel à un retour du religieux en force qui met à nu l’aspect messianique du projet sioniste. Pour y parvenir, les dirigeants Israéliens savent bien qu’ils doivent entraîner les États Unis avec eux.



  • Un soutien messianique

Depuis trente ans qu’il fréquente le pouvoir B. Netanyahou n’a eu de cesse que de pousser les USA dans des guerres afin de rejoindre l’objectif du grand Israël.

Aide, soutien, appui dans la guerre contre le Hezbollah, chute du régime Syrien qui permet à Israël de récupérer des zones stratégiques et d’affaiblir l’Iran au passage, armement continu contre la résistance palestinienne etc… Comment un tel soutien aveugle est-il possible ?

Outre le fait que les Etats Unis ont aussi leurs objectifs propres, il existe indubitablement une puissance d’influence énorme de la part du lobby pro israélien aux états unis, représenté par un groupe d’intérêts bien organisés et bien connectés à l’Etat profond Américain, notamment des gens d’affaires, des intellectuels, des représentants de la diaspora juive, qui tiennent politiquement et financièrement le secteur de la défense Américaine. Ce sont aussi toute une série d’organisations bénévoles : l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), soit le lobby pro-israélien à Washington ; l’American Jewish Committee ; l’American Jewish Congress ; l’Anti-Defamation League ; Wiesenthal Center et Museum of Tolerance; les groupes juifs pour les droits de la femme et de syndicalistes ; un nombre inépuisable d’organisations locales. Tous à faire et intervenir dans la promotion internationale des affaires intéressant les Juifs.

Depuis deux décennies, ils poussent pour l’intervention militaire des USA dans le monde, entre autres pour épauler Israël dans ses propres conflits et ses propres guerres. Et c’est bien là que tout devient possible : le jalon du concept du choc des civilisations ayant pu être posé, le projet messianique Israélien a le champ libre pour se réaliser, conjointement au projet messianique américain :

En 2001 après le 11 septembre, un ex-premier ministre israélien qui n’était autre que B. Netanyahou, a mené une véritable campagne médiatique aux USA pour inciter Washington à mener une répression contre « l’empire de la terreur » formé du hezbollah de l’Iran et d’Irak. Israël voulait depuis des années se débarrasser de Saddam Hussein, ils ont réussi à embarquer les USA par l’intermédiaire des faucons et des élites énoncées plus haut.

De la même façon, cela fait des décennies qu’Israël et le lobby pro israélien font pression sur les USA au sujet de l’Iran, faisant appel à des coups tordus en tout genre dans lesquels aurait pu tomber Donald Trump en 2019 et qui semble redevenir possible en ce moment même, risquant de provoquer une guerre mondiale. Si l’on regarde de plus près l’attitude de l’Iran et de la Jordanie par exemple, tout est fait pour éviter une escalade et ne surtout pas donner à Israël le casus belli qui justifierait une attaque.

On constate bien qu’il y a des forces irrationnelles à l’œuvre. C’est cela qu’il est important de comprendre. Il y a bien évidemment des intérêts économiques et géopolitiques très complexes et réels. Mais il y a une dimension irrationnelle incontestable qui poussent ces deux entités à agir de façon incompréhensible et démesurée. C’est la dimension messianique religieuse portée par les très puissants sionistes juifs et chrétiens. Pour eux, la survie d’Israël est une priorité des priorités. Non seulement sa survie, mais l’accomplissement de son projet de Grand Israël et de reconstruction du temple. (Le temple de Salomon situé sur l’actuelle Jérusalem avait été détruit par les Romains et doit, pour les juifs orthodoxes impérativement être reconstruit)

Les chrétiens sionistes adhèrent et soutiennent ce projet millénariste car pour eux il est primordial que le Grand Israël soit réalisé pour que Jésus Christ revienne sur terre. Les juifs devront alors choisir entre se convertir au Christianisme ou périr. Les millénaristes juifs et chrétiens sont donc alliés pour la mise en œuvre de la prophétie mais seront ennemis lors du jugement dernier.



  • Le délire messianique dans le réel

Il est important de comprendre que ces messianiques ne sont pas dans une attente passive du Messie, mais veulent précipiter sa venue en réunissant les conditions bibliques de la prophétie, soit le chaos. Ils ont pour projet actif notamment la destruction de la mosquée Al Aqsa afin de reconstruire le Temple, restaurer les sacrifices bibliques des animaux et rétablir la monarchie du descendant du Roi David, le Mashiah. D’ailleurs, des vaches rousses très rares qui devront être sacrifiées dans le Temple ont déjà été achetées par une organisation juive à des éleveurs Texans, ce qui indique la réalisation très prochaine de la reconstruction. C’est en partie ce qui a motivé l’attaque du 7 octobre, surnommée « déluge Al Aqsa ».

Israël ne sera pas seulement une monarchie théocratique au proche orient, mais il s’agirait plutôt d’un règne mondial où Jérusalem serait en quelque sorte le phare de l’humanité. Comme le dit Jacques Attali : « On peut imaginer, rêver d'un Jérusalem devenant capitale de la planète qui sera un jour unifiée autour d'un gouvernement mondial ».

La bible parle de domination sur les nations en partie par la prophétie d’Isaïe : Il est annoncé aux fils d’Israël, entre autres choses, que « les peuples du dehors seront vos laboureurs et vos vignerons », que « vous sucerez le lait des nations » et que leurs richesses vous parviendront ». Il y est écrit également que sur Israël « resplendira la lumière de Yahvé et une sombre brume recouvrira les nations »5. Il est aussi appelé à exterminer le peuple d’Amalek dans la bible, peuple qui est l’ennemi antique des hébreux. Ces thèmes sont repris régulièrement par les dirigeants Israélien du gouvernement fanatique actuel pour justifier de leur politique colonialiste, d’épuration ethnique et génocidaire. Le peuple d’Amalek a été publiquement désigné comme étant le peuple palestinien. Netanyahou a déclaré après le 7 octobre : « Nous accomplissons la prophétie d’Isaïe, nous sommes le peuple de la lumière, ils sont le peuple des ténèbres ». Le génocide en cours à gaza ainsi que l’accélération de la colonisation de la Palestine occupée a ainsi pu être légitimé.

Lui et d’autres dirigeants israéliens font souvent référence aux livres les plus violents de la Bible hébraïque (le livre de Josué qui prône le génocide ou le livre d’Esther qui contient le récit du massacre de 70 000 perses).



  • Liens entre nazisme et sionisme

Cela peut paraitre très étonnant, mais il existe bien des liens historiques entre les sionistes et les nazis. A la vue de la montée du nazisme, les juifs d’Allemagne ont sollicité une aide financière auprès des nazis en avançant l’argument des points communs entre leurs deux communautés : l’élitisme de race. Le projet était de quitter l’Allemagne et rejoindre le foyer national juif. Il y a trace de nombreux financements de la part de l’Allemagne nazie des premiers kibboutz8. Il n’est pas étonnant que Jabotinsky, Netanyahou père et fils soient des révisionnistes de l’histoire en affirmant qu’A. Hitler ne souhaitait pas exterminer les juifs, mais qu’il avait été influencé par le grand Mufti de Jérusalem9. On voit ici de quelle façon ils tentent de désigner les arabes comme responsable du génocide des juifs.




  • Situation en France :

Une fois qu’il a pu être admis qu’il existe un axe du bien occidental et judéo chrétien, il a pu être admis de détruire l’axe du mal. Porté encore une fois par le très puissant lobby sioniste aux états unis, le contrôle du discours public et la diabolisation de la résistance palestinienne ont eu raison de la politique étrangère des USA. L’axe du mal ayant été défini comme « terroriste » la guerre contre les musulmans a pu être normalisée. Parallèlement, l’État d’Israël s’est messianisé et édicte à présent son agenda eschatologique, en dépit des intérêts américains et de tout bon sens. Bénéficiant d’un soutien inconditionnel et d’une légitimité divine, cet état se place au-dessus du droit international. Les nations comme la France, pourtant laïques, non raciales et de tradition « humanistes » se situent dans le même camp des valeurs d’un état théocratique et raciste, incapables de stopper cette folie génocidaire coloniale et messianique. Nous avons vu que la lourde dette morale de la Shoah pèse également dans cette équation complexe.

Cette situation, au bout de près de deux ans de génocide documenté en direct, révèle aux yeux du monde que la soumission au lobbying sioniste n’est pas seulement l’apanage des états unis, mais concerne bien toute l’Europe et en particulier la France.

A travers une incroyable répression contre les soutiens au peuple palestiniens, un contrôle du discours public ahurissant, nous mesurons aujourd’hui au grand jour l’influence d’organes non étatiques comme le CRIF, la LICRA ou ELNET6 sur l’appareil d’État. L’absence de sanctions économiques, le non-respect des décisions de justice de la cour pénale internationale7 sont des exemples parmi d’autres de l’incroyable soumission de nos élites au sionisme. Ne manquons pas de pointer les incohérences et la différence de traitement de la France envers la Russie.

L’accusation d’antisémitisme est étendue comme je l’ai expliqué plus haut à la simple critique de l’Etat d’Israël et du sionisme. Dès lors, toute personne qui ne soutient pas l’état d’Israël ne soutiendrait donc pas les juifs dans leur ensemble. En étant implicitement un ennemi des juifs, on est un antisémite. L’extrême droite, jadis proche du nazisme se dit aujourd’hui « amie » des juifs de France et d’Israël, tandis que la gauche représentée par LFI serait antisémite ou participerait gravement à sa montée. On pourrait croire qu’un glissement s’est opéré mais je ne le crois pas.

La gauche dite « extrême » est en réalité la seule gauche traditionnellement alignée sur l’antiracisme et l’anticolonialisme. La droite extrême, elle est restée sur une ligne racialiste et c’est bien pour ça que les partisans du sionisme y trouvent un écho. De même, l’extrême droite voit en l’alliance (ou soumission) au lobby sioniste une formidable opportunité de « combattre » l’ennemi commun : l’islam et les musulmans. Je trouve très ironique la façon dont laquelle les dénonciateurs acharnés du « grand remplacement » se retrouvent à soutenir un état de « grand remplaceurs » de la Palestine, qui par leur innombrables guerres menées contre leurs voisins arabes, poussent à l’immigration de masse des populations arabes, alimentant directement le fameux grand remplacement en Europe donc. Israël et son lobby ont donc réussi l’incroyable prouesse de se faire passer pour un allié des nationalistes européens, tout en promulguant l’ouverture des frontières pour tous, sauf pour eux. Les nationalistes applaudissent cette aberration et contribuent à légitimer l’exceptionnalisme mondial de cet état suprématiste.



  • Imprégnation de la mystique juive et France des Lumières 

Les différents courants kabbalistiques ont influencé la franc maçonnerie au cours des siècles. Du courant franquiste (idée qu’il faut faire advenir le mal pour précipiter la venue du Messie) à la Kabbale lourianique (idée que le peuple juif n’a plus à attendre le Messie car il serait lui-même d’essence divine et maître de sa propre destinée) à la Kabbale chrétienne, les loges maçonniques se sont forgées à l’essence de ces courants. Les ouvrages de Youssef Hindi nous aident à comprendre pourquoi la laïcité est l’héritière de cette mystique occulte10. C’est une histoire qui lorsqu’elle est révélée permet de comprendre en grande partie pourquoi l’islamophobie est aussi virulente en France



  • La France, l’Islamophobie et le philosémitisme d’Etat

La révolution Française a été orchestrée et mise en œuvre en grande majorité par des jacobins sous l’influence des Francs-maçons pour détruire la monarchie et donc le catholicisme. La France est en effet née du baptême de Clovis c’est la nation de tradition catholique.

Les révolutionnaires républicains des lumières influencées par les idées kabbalistiques ont voulu instaurer une république dont la religion d’état devait remplacer le catholicisme. Cette religion d’état devait faire de « chaque homme un nouveau messie », de « chaque élève un nouveau messie »11 via l’école.

Les églises et cathédrales de France (très nombreuses dont la cathédrale Notre Dame de Paris, Chartres, Reims, basilique de Saint Denis et des dizaines d’autres) ont été transformées en « temples de la raison » ou « temple de l’être suprême », références franc-maçonnes qui reprennent d’ailleurs l’idée messianique de reconstruction du temple de Jérusalem. On comprend donc que le clergé a été remplacé par une autre spiritualité, occulte.

La religion d’Etat qui doit naître sera la laïcité. Et c’est tout sauf ce qu’on nous présente comme un principe neutre qui garantisse à tous respect de culte. Comme le dit lui-même Vincent Peillon (philosophe et ancien ministre de l’éducation) « la laïcité n’est pas neutre : elle porte des valeurs, il faut les défendre ». Il est l’auteur du livre « une religion pour la république », il est fervent défenseur de la laïcité, et de la république qu’il souhaite voire réformée. Monsieur Peillon est par ailleurs lui-même juif pratiquant, proche de l’état d’Israël.

Il faut comprendre que l’anticléricalisme de l’époque (anticatholicisme) était très virulent. Il fallait destituer le clergé et soumettre le catholicisme. C’est chose faite, puisque cette religion est aujourd’hui très faible en France (contrairement à l’Italie, l’Espagne ou le Portugal ou il y existe une ferveur catholique). C’est ce que E. Todd appelle « le catholicisme zombie ».

Par la suite avec l’histoire coloniale de la France, s’est implantée en France une population musulmane avec l’apparition d’une nouvelle religion, l’islam. Il a fallu donc faire à l’islam ce qui avait été fait au catholicisme, le soumettre. Cependant, l’islam est plus difficile à soumettre ce qui oblige aujourd’hui l’appareil d’état à être particulièrement virulent à l’égard des musulmans. L’Islam étant décrite comme « incompatible avec la république ». N’oublions que depuis vingt ans nous baignons dans un climat anti-islam, largement influencé par le lobby pro israélien comme expliqué plus haut.

La laïcité a la française est unique au monde. Aucun pays n’a adopté pour modèle idéologique une séparation aussi nette et brutale entre la foi des hommes et la sphère publique. Toutes les sociétés organisent naturellement le fait religieux et le fait social car il est anthropologiquement admis que la religion ne peut survivre uniquement relayée à la sphère privée. La laïcité est donc un prétexte à l’anéantissement et la soumission des religions. Sauf pour une des trois grandes religions qui semble épargnée par cette volonté d’anéantissement.

On parle d’un philosémitisme d’État, largement admis par beaucoup d’intellectuels et militants politiques, mais peu évoqué par peur d’accusation d’antisémitisme. Or, on assiste chaque année au rituel du dîner du CRIF auquel se plient rigoureusement les dirigeants. Repas durant lequel il est bien connu que seront dictées des directives par le CRIF et qui seront portées à l’agenda politique. De même lorsque Hanoukka est célébrée au palais de l’Élysée, la laïcité semble être un concept à géométrie variable.

On comprend que la république et la laïcité sont porteurs d’une religion qui ne dit pas son nom. Il n’est absolument pas étonnant qu’un homme comme Bernard Henri Levy, celui qui a voulu la guerre de Lybie (et qui y a poussé N. Sarkozy), car il était dit-il « motivée par la défense des intérêts d'Israël dans le monde », bénéficie d’une incroyable audience médiatique. Nous avons donc un homme très proche du pouvoir et qui influence la politique étrangère pour qu’elle serve les intérêts d’Israël dans le monde avant et au détriment de ceux de son pays la France.

Aujourd’hui l’importance du lobby sioniste pro israélien en France est visible au grand jour et nous montre à quel point il influence la politique, la justice, les finances et les débats sociétaux. Au niveau du débat social, cette influence va du plus haut de la chaine (Attali, Finkelkraut le CRIF etc…) à la classe moyenne via BHL et les médias (libération et Patrick Dahi, Cnews et BFM) jusqu’aux classes populaires avec C. Hannouna.

La force du lobby sioniste des deux côtés de l’atlantique réside dans sa mystique, ses techniques de corruption et d’intimidation, car comme le révèle l’ouvrage du Pr J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, aucun élément rationnel d’ordre économique, de stratégie géopolitique ou moral ne peut justifier un tel soutien inconditionnel.

L’inertie politique actuelle face au génocide des palestiniens est la preuve ultime de ce qu’ont prouvé les auteurs de «Le Lobby pro israélien et la politique étrangère américaine », soit une hégémonie telle qu’elle survivra sans doute à l’état d’Israël lui-même s’il venait à disparaître.

L’Hégémon anglo-saxo défini les axes du bien et ceux du mal à travers un inversement des valeurs effrayant, sacrifiant les vies humaines des musulmans et des chrétiens du monde arabe. La Russie est pointée elle aussi comme axe du mal car considérée comme la gardienne de la chrétienté orthodoxe. Les millénaristes la désignent officiellement comme « Magog » : la guerre de Gog et Magog est un événement prophétisé dans la tradition juive, biblique et coranique. Il s’agit de la guerre finale du jugement dernier. Pour de nombreux religieux sionistes, juifs ou protestants, c’est la guerre qui opposera Israël et la Russie12.

La propagande anti-russe reprend exactement les mêmes systèmes et d’une mécanique bien rodée, transposable à tous les ennemis et cibles des états unis et d’Israël. Diabolisation de la Russie, sanctions et hystérie va-t’en guerre. Cela n’est qu’un détail mais par exemple, lorsque l’on vous a présenté les neo nazis ukrainiens comme des gens fréquentables13, c’est la même mécanique que lorsque l’on vous présenté les terroristes de Al Nosra, comme des gens respectables.



Conclusion

Le 7 octobre suivi de la guerre génocidaire menée par Israël a gravement exacerbé en France la théorie du choc des civilisations. Les juifs sionistes de France se sont radicalisés et se rapprochent massivement de l’extrême droite qui y voit une façon de mieux diaboliser l’islam. La lutte contre l’antisémitisme est instrumentalisée à outrance et sert à présent à criminaliser la lutte aux coté du peuple palestinien, qu’il convient d’éteindre à tout prix.

Le discours public et médiatique utilise de façon éhontée la rhétorique et propagande d’Israël de façon aussi virulente que le gouvernement Netanyahou, le plus radical de toute l’histoire politique de l’état hébreu. Ici en France, on peut voir de très nombreux propos génocidaires sur les réseaux sociaux, tandis que dans les médias, on assène, on rabâche et on surexploite la thèse du terrorisme islamiste, ce qui brouille les esprits non informés qui vont assimiler à tort daesh et le hamas. En infligeant aux français un discours aussi manichéen, qui plus est en relayant les pires mensonges proférés par l’entité sioniste, la France diffuse une propagande pro sioniste bien plus importante qu’en Israël même où il existe des médias d’opposition tels que Haaretz ou + 972 magazine. En s’alignant parfaitement sur ce gouvernement génocidaire, la France, l’Europe et l’occident tout entier s’enfonce dans une incroyable faillite morale et dérive autoritaire très grave qui n’annonce rien de bon pour l’ensemble des citoyens.

Depuis vingt ans et le 11 septembre, l’islamophobie s’est institutionnalisée en France (d’abord avec la loi de 2004 et aujourd’hui les circulaires concernant le port de l’abaya, les débats autour du voile etc…). Il suffit de regarder n’importe quel média, d’écouter n’importe quel dirigeant politique pour voir et entendre en boucle nombre de propos belliqueux envers la communauté musulmane. Cette islamophobie va crescendo, comme le décrivent les statistiques du CCIE. L’État racial accélère son offensive afin de soumettre l’islam à la république. Dans le même temps, le philosémitisme d’Etat exacerbe les inégalités et le sentiment d’injustice, en alimentant l’antisémitisme.

Nous assistons à la mise à nu du sionisme, de son caractère raciste suprématiste et messianique intrinsèque, qui renvoi à présent chaque sioniste à un choix qui semble déjà fait : celui de s’enfoncer toujours plus dans le tribalisme sous couvert de persécution antisémite, ou de rejoindre le reste de l’humanité. Faire ce pas en avant ne semble pas encore possible, alors même que la population de gaza est exterminée et affamée, tant cela demande ici en France un travail de mise à jour de sa propre judéité, sur fond de tensions entre communautés. Ce que je ne cesse d’observer avec sidération, c’est à quel point cet enfoncement collectif dans le tribalisme éveille en ces gens ordinaires des traits psychopathiques. Nous touchons réellement au nœud du paradoxe théologique du judaïsme qu’il faudra bien regarder en face un jour : Où comment une religion qui se veut « universelle » promet pourtant le privilège d’une élection divine, d’une terre promise, d’une supériorité par la race pour un groupe d’individus seulement. Il est certain que le sionisme aura une fin et il faudra bien sortir un jour de ce paradoxe et rejoindre l’universel, tout en trouvant le moyen de continuer à chérir sa judéité.

Concernant les autres, certains de mon entourage, les non juifs, athées ou chrétiens de tradition et qui soutiennent inconditionnellement Israël, ma conviction est qu’ils sont étouffés par un racisme réactionnel horizontal. Leur islamophobie surpasse tout : les valeurs humaines, la bonne foi, l’intelligence. Ils se font bien avoir. Consciemment ou pas, ils marchent à fond dans le piège tendu. Ils sont faibles d’esprit.

De notre côté, continuons de remettre le monde des valeurs à l’endroit, ne nous rangeons pas derrière des discours des narratifs préfabriqués. Je souhaite que nous puissions vaincre le terrorisme intellectuel qui assaille notre pays aujourd’hui, imposant sa vision du monde et réprimant la vérité. Lutter contre l’hydre du sionisme est vital. Il en va de la lutte contre le modèle autoritaire que nos dirigeants sont en train de pérenniser. Il est plus que nécessaire aujourd’hui de défier la peur que nous inflige ce climat et ces tensions communautaires. Travaillons notre esprit critique et allons chercher les informations qui permettent de complexifier la pensée et de poser le cadre de de l’inacceptable. « Il est urgent d’apprendre avec d’autres mots que ceux que les maîtres nous mettent dans la bouche » (Alain Brossat)

A titre personnel, ce malheur absolu, cette abomination qu’est le massacre des palestiniens m’a fait sortir d’hypnose. Tout est révélé au grand jour, les masques de chacun d’entre nous tombent. Les mensonges que sont la démocratie, l’humanisme et la pensée des Lumières aussi. Le Roi est nu. Rien n’est plus évident aujourd’hui pour moi que le rejet de cette modernité mortifère que je vomis. Reste à trouver le moyen de ne pas s’y soumettre, dans un monde qui nous ratatine. Décidément, rien n’y fait, la Foi reste la plus solide des citadelles. Les gazaouis nous le prouvent chaque jour, ce pendant qu’ils subissent les plus atroces souffrances, il persiste une incroyable, indestructible colonne vertébrale, structure reliant l’intime au collectif qui s’appelle l’islam. Cette religion que l’on veut nous faire détester au même titre que l’on nous a fait mépriser le catholicisme avant.

Notre civilisation décadente et biberonnée au conformisme devrait d’urgence sortir de l’hypnose collective pour se libérer de toutes ses chimères. C’est à travers ce peuple meurtri que nous, misérables zombies occidentaux, individus narcissiques mus par le but ultime de la quête de soi, devrions apprendre à construire structure et vie.

Que la lutte du peuple palestinien ressorte triomphante des ténèbres. Aux résistants combattants, soignants, journalistes, secouristes, simples civils, valeureux, ils accomplissent ce que nous ne serons plus jamais en mesure d’offrir à qui que ce soit : Vivre et mourir pour La cause.

Sanaa de 1monde a l’endroit.

Mars 2025


Notes de bas de pages

1 J. MERSHEIMER et S-M.WALT, Le lobby pro israélien et la politique étrangère américaine, La découverte, 2007

2 S. BESSIS, La civilisation judéo-chrétienne, Anatomie d'une imposture, les liens qui libèrent, 2025


3 Reportages dans le Figaro en 2014-2015 décrivent comment Israël a accueilli et soigné des blessés syriens civils et combattants à l’hôpital de Safed. The Times of Israël : article du 18 février 2014, publiait la photo de B. Netanyahou rendant visite à ces blessés syriens.

4

5 Livre d’Esaïe 61:10, Esaïe 62 :2-3

6 La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme est une association française non gouvernementale luttant contre le racisme et l'antisémitisme en France, mais également sur le plan international. Elle est fondée en 1929 sous le nom de « Ligue internationale contre l'antisémitisme. ELNET est un lobby pro-israélien fondé en 2007 qui assiste des partenaires européens pour contrer les critiques envers Israël en Europe.

7 Le 27/11/2024, Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a déclaré que la France agirait "conformément aux statuts de la CPI", mais a refusé de dire si Netanyahu serait arrêté s'il entrait en France, affirmant que cela est "juridiquement complexe".

8 Accords de la Haavara : L'accord a été conçu pour faciliter l'émigration des Juifs allemands vers la Palestine, alors territoire sous mandat britannique. Aidant les Juifs à émigrer

9 Le Grand Mufti de Jérusalem qui voyait l’implantation des premiers sionistes en Palestine comme une réelle menace a collaboré avec le régime nazi en 1941, y voyant une opportunité d’empêcher l’immigration, en diffusant largement une propagande antijuive et en participant au recrutement de musulmans bosniaques dans l’armée des SS. Aucun document ni fait historique ne démontre qu’il ait pu intervenir dans la solution finale.

10 Y. HINDI, La Mystique de la Laïcité, Généalogie de la religion républicaine, éditions Sigest, 2007.

11 F. BUISSON, La foi Laïque, Hachette, 1912.

12 En 2003, G.W Bush invoqua la guerre de Gog et Magog auprès du Président Chirac lors d’un appel téléphonique lunaire, visant à exhorter la France à se joindre aux USA dans la guerre contre l’Irak. J. Chirac ignorant tout de ce sujet dut avoir recours à un spécialiste pour comprendre de quoi il s’agissait.

13 Le journal Libération a couvert la résistance à Marioupol en 2022 mentionnant Azov comme un groupe important dans les combats souvent en mettant en avant leur rôle militaire sans parler de leur origine néo nazie controversée.


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